La poétesse Évelyne Trouillot en dialogue avec le public de « Poésie en folie »

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Poésie en folie, rendez-vous pour une véritable immersion dans la chose littéraire et dont les jardins de radio kiskeya jouent le terreau donnait la parole ce jeudi 24 février à la romancière et poétesse Évelyne Trouillot. C’était autour du thème « Poésie: du singulier au pluriel… » choisi par Évelyne elle-même, qu’avait lieu cet échange modéré par l’écrivaine Melissa Béralus.

Dans son intervention, l’auteur de « Par les fissures de mes mots » attirait l’attention sur le fait qu’un poème, même s’il vient d’un vécu personnel, d’un lieu précis, touche à l’universel. C’est-à-dire, part du singulier au pluriel. Évelyne a démarré son exposé avec cette citation de Mahmoud Darwich : «La poésie est née des premiers étonnements devant la vie, quand l’humanité naissante s’interrogea sur les premiers mystères de l’existence. C’est ainsi que l’universel fût dès l’origine, local. ».

Mahmoud est considéré comme le poète de la Palestine, puisque ses poèmes tournent autour des difficultés que vit le pays, les bombardements, les tueries. Mais malgré  le fait qu’elle dise la Palestine, sa poésie partie de son vécu à lui, trouve écho partout ailleurs dans le monde.

Évelyne a trouvé la citation fascinante, pour la simple et bonne raison qu’elle sait qu’écrire de la poésie n’a rien de donné. Elle sait l’acte d’écrire de la poésie difficile. « Cela m’oblige à aller au fond de moi pour trouver la chose à dire. Cela me prend beaucoup de temps, largement plus que ce qu’il me faut pour faire une œuvre de fiction », a-t-elle dit. C’est un travail très difficile. Celui d’une parole travaillée, éprouvant celui ou celle qui se donne à la tâche. « C’est un exercice carrément douloureux, qui fait mal physiquement », a dit Évelyne. La poésie, c’est un autre type d’écriture et c’est un autre type de rapport avec l’écriture »

La poétesse dit se méfier des poèmes de provocations, qui n’ont derrière elles aucune idée. Une telle poésie, c’est pour elle, des paroles futiles et stupides. Elle est pour une poésie comme celle de Jeanine Tavernier, Georges Castera, René Philoctète par exemple, qui amène à une mise en question et puisse aussi loin qu’elle voyage, faire sentir des émotions  à ceux-celles qui la lisent ou l’entendent.

L’invitee raconte sa propre experience lors de la tenue en France d’un atelier avec une classe d’enfants en situation difficile, issus d’immigration, d’origine arabe. « Je sortais cette citation de René Philoctète: Je reviens des giboulées du nord/le soleil que j’ai bu est froid comme la mort ». C’était le silence total, a confié Évelyne, ajoutant que cela avait trouvé un écho immédiat chez les jeunes enfants . Ce texte qui est parti du singulier de René Philoctète a su toucher les enfants, qui n’avaient rien à voir avec le vécu du poète.

La poésie, c’est quelque chose qui essaie de dire l’indicible.  « Dire l’indicible, c’est déjà difficile. Et le dire de manière à ce qu’il aille trouver un autre et que cet autre s’y retrouve, c’est davantage difficile ». Et c’est cela pour Évelyne, la beauté, la force et la difficulté de la poésie, « qui n’est pas une accumulation de mots, de belles images qui sonnent bien ou qui provoquent ».

Aidé du tambour de Narcisse Choisimo dit Atchasou, pour agrémenter la fin de la soirée, le comédien Wadley Zéphyrin et  le poète Joubert Joseph ont lu des extraits de poèmes.

Adlyne Bonhomme


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