La nécessité pour les femmes victimes de violence d’avoir un suivi psychologique

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Angela Michel a 32 ans, née à Ouanaminthe elle a fait des études de cosmétologie à Port au Prince, ville où elle s’est installée après son baccalauréat. Elle y a rencontré son ex époux, mort dans un accident de voiture il y a 5 ans, alors qu’il se rendait au cap haitien pour le travail. Si d’aparence le couple semblait s’entendre, dans l’intimité, la jeune femme vivait un calvaire. Au prise d’un conjoint jaloux et violent, la mort de ce dernier a été pour elle une libération. 

Aujourd’hui instalée aux Etats Unis où elle pratique son metier, la jeune femme n’a toujours pas surmonté les epreuves de ces trois ans de mariage. “Pour moi je n’étais pas victime de violences conjugales. Il s’agissait de violentes disputes qui se soldaient quelques fois par des bagarres. Quand mes amies me conseillaient  de le quitter et de porter plainte, je répondais que je n’étais pas une femme batue et que de se fait, je n’avais pas besoin d’aide.”,  

À la mort de son mari, Michel n’a pas eu de suivi psychologique. À cette idée, la jeune femme avoue sa peur du jugement qu’on pourrait porter sur elle en sachant qu’elle a ete battue par le passer. D’apres la therapeute Sabine Olivier installée au Mexique, qui travaille avec les victimes de viol et de violence congugales, l’attitude de la jeune femme est une attitude de denis, qui dessert son processus de guerissement du traumatisme qu’elle a vecue. 

-Quand on parle de violences conjugales, il faut bien comprendre que c’est un phénomène complexe qui n‘inclut pas seulement les coups physiques. Ce sont des violences psychologiques, mentales et émotionnelles. Cette violence émotionnelle, Michelle la vit aujourd’hui encore. Celibataire depuis son veuvage, l’esthéticienne reconnaît que les hommes lui font peur au point d’en questionner sa sexualité. 

Pour Olivier, il s’agit d’un stress post-traumatique, accentuer par le fait que la jeune femme n’ait eu aucun suivi psychologique suite à la mort de son mari et des violences subies. 

-Une prise en charge par un professionnel aide la victime à surmonter son traumatisme, et à aller de l’avant. 

D’après elle, la première attitude des victimes de ce genre de violence est de se culpabiliser, parfois, certains sombrent dans la dépression. Cet etat quand il n’est pas pris en charge peu s’agraver et amener à des cas de suicide.

La prise en charge psychologique en Haïti devrait être abordée à plusieurs niveaux. Les policiers qui sont au premiers rangs pour recevoir les plaintes des rares victimes qui ont le courage d’entamer des démarches juridiques, devraient avoir des formations régulières sur la façon de prendre cette plainte. 

La spécialiste déplore le manque total de tact de certains policiers dans l’exercice de leurs fonctions lors de dépôts de plaintes de femmes battues ou violées. Une de mes patientes à dû se justifier de ne pas avoir porté plainte après la première agression alors que son violeur était un membre proche de sa famille témoigne t-elle offusquer. 

Nous pensons que le problème se limite aux hommes alors que des femmes policières qui sont nées et ont grandis dans cette société patriarcale et ont intériorisées les codes du patriarcat, manquent tout autant de prévoyance dans la façon dont elles traitent les femmes victimes qui se présentent au commissariat. 

L’autre raison d’après Olivier du manque de prise en charge psychologique des victimes de violence en Haïti est la perception qu’une grande majorité de la population a des thérapeuthes et des psychologues. 

-Les organisations féministes militent depuis plusieurs années pour que la question psychologique soit mise en avant dans la prise en charge des victimes, cependant, il n’y a aucun support de l’Etat à ce que cette question soit posée comme une nécessité en termes de santé publique. 

La preuve, lors des derniers tremblements de terre du 12 janvier et du 14 août, ni les rescapées, ni leurs familles pour la plupart n’ont vu un spécialiste. Encore moins les enfants, qui sont retournés en classe comme si de rien était d’après les dire d’Olivier.

Même face aux divers massacres et à l’insécurité actuelle la question de la prise en charge psychologique n’est pas posée. Nous n’avons toujours pas de chiffres officieles sur le nombre de viol que subissent les femmes des quartiers populaires, et la situation actuelle fait que ces memes femmes sont celles qui n’ont pas acces à un therapeuthe alors qu’elles en ont grandement besoin. 

Le 16 aout 2022 le RNDDH  Réseau national de défense des droits humains faisait etat d’au moins 52 femmes et filles victimes de viol collectifs et repetés durant le conflit à Cité soleil, si le maire avait alerté sur la situation des habitants de la commune et que quelques organisations avaient fait leur maximum pour apporter leur aide, l’aspect psychologique encore une fois a ete quasiment passé au second plan. 

Melissa Béralus


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