La gentrification en Haïti: le cas de Maïs-Gâté

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La gentrification est un concept à la fois sociologique et géographique. Le terme a vu le jour sous la plume de l’auteur anglais:Ruth Glass et désigne le processus essentiellement urbain par lequel la population d’un quartier, ou d’une ville dans son ensemble, se modifie au profit de classes sociales favorisées dont l’installation se fait au détriment des classes plus modestes qui l’occupaient auparavant.

C’est un phénomène répertorié dans plusieurs pays et Haïti ne fait pas exception. Ce qui caractérise ce phénomène est un remplacement de la population d’origine par une population plus aisée (pas forcément riche), et un changement des réalités socioculturelles du quartier en question. Il peut se poser en opposition au phénomène d’appauvrissement de certains quartiers comme ce fut le cas pour le bas de la ville et le bel-air. 

En ce qui concerne Haïti un cas de gentrification s’opère depuis plusieurs années dans le quartier de Maïs-gâté. Maïs-gâté est un quartier sous le label de la commune de Delmas, entre le carrefour trois-mains et le carrefour Gérald Bataille. Une communauté cubaine en a fait une plaque tournante d’un commerce qui consiste en l’achat de produits comme des vêtements, des appareils électroniques etc dans le but de les revendre à Cuba.

 

Marielle, une vendeuse du marché de tabarre explique que les cubains sont une véritable aubaine pour son commerce qui lui permet de liquider ses produits. En 4 ans, elle a pu agrandir son commerce et voyage actuellement entre la République dominicaine et Nasseau pour s’approvisionner.

S’ils sont plusieurs à utiliser le terme d’aubaine pour parler des va et vient cubains, tel n’est pas le cas de certains habitants de Maïs-gâté. En effet, pour Alvia qui habite dans ce quartier depuis 2010, le prix du loyer n’a cessé d’augmenter et pour elle c’est du côté des cubains qu’il faut se tourner pour comprendre ce phénomène. S’ils ne restent pas sur place toute l’année, ils sont hébergés le plus souvent dans des auberges de plus en plus populaires, dirigés (le plus souvent) par quelques-uns des rares cubains qui habitent en Haïti. Comme ces auberges, des hôtels et des bars sont nées proposant un service qui semble plus orienté vers la communauté cubaine que haïtienne.

 

Même si un changement non négligeable s’est opérée au niveau des loyers et de la configuration du quartier de Maïs-gâté, l’inflation de l’économie haïtienne et la bascule d’une grande partie de la population dans la pauvreté sont aussi à considérer pour comprendre de plus en plus l’abandon de maïs-gâté par sa population d’origine.

(Première partie)

Melissa Béralus


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