En Haïti, 36 % des 5 000 plantes et 75 % des 2 000 espèces de vertébrés sont endémiques, voilà les informations que nous pouvons lire dans le dernier rapport sur la biodiversité en Haïti, publié par le ministère de l’agriculture. Si l’Etat, par la création d’aires protégées s’est engagé à protéger cette biodiversité, elle est aujourd’hui plus que jamais menacée, notamment à cause de la surpêche, du déboisement et du changement climatique.
Pierre Lunick Revange qui travaille à la protection des espèces marines et qui est créateur de contenu pour l’Association Nationale pour la protection des ressources aquatiques, met l’accent sur la fragilité des espèces marines. Selon lui, parmi les 58 espèces d’amphibiens présents sur le territoire, 49 sont menacées d’extinction.
« Une grande partie des espèces menacées se trouvent dans la “Grand Anse. On a répertorié 5 espèces de tortues endémiques à Haïti et elles sont toutes menacées. » explique t-il. Il souligne également la quasi-absence de la tortue imbriquée, qui évoluait au niveau de l’Île-à vache et de Côte de fer et de la tortue caouanne, à Jacmel, et à Anse à pitre.
En 2018, on a découvert dans la baie de Fort-liberté, une espèce qu’on a baptisée « Ameau ». D’après Lunick, l’animal dont il ne reste que quelques individus n’existe qu’en Haïti, et est comme ses congénères, voué à disparaître dans quelques années si la situation n’évolue pas.
Si les chiffres de la pêche en Haïti ne sont pas aussi élevés que pour certains pays comme le Japon ou nos voisins américains, plusieurs espèces de l’île comme le lambi et certains types de poissons sont pêchés à outrance pour la consommation.
« Le cycle de vie du lambi est très fragile. Il met 4 ans à arriver à maturité », fait savoir Lunick.
Le problème de la surpêche et de la surconsommation est directement lié aux conditions de vie des habitants. En effet, dans certaines localités, la pêche est la principale source de revenus pour les habitants, et le poisson, le lambi et autre animal marin, un aliment de base incontournable. Afin de lutter contre la menace qui pèse sur la biodiversité marine, Lunick propose de créer plus d’aires protégées, et de mieux équiper celles qui existent déjà.
« On pourrait donner un espace à ces espèces afin qu’elles puissent se multiplier, et une fois atteint un certain nombre, l’Etat pourrait vendre le reste.
À cet effet, le responsable de communication exhorte l’État à prendre la question au sérieux tout en rappelant que la biodiversité est un élément important du cadre de vie de chacun.
Melissa Béralus