Kareen Seignon ou l’art de susciter l’intérêt des enfants pour la science à travers TIkalab

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Kareen Seignon est une haïtienne qui évolue aux Etats-Unis. Détentrice d’ une licence en biologie et d’une maitrise en biologie moléculaire, elle a travaillé sur des projets de recherche portant entre autres sur la schistosomiase, la malaria ainsi que le VIH/SIDA. Elle est surtout connue pour etre la fondatrice de TIkalab, un laboratoire virtuel créé dans le but d’éveiller l’intérêt des jeunes haïtiens, en particulier des enfants, pour la science. Découvrez le parcours de cette compatriote à la tête pleine de rêves et d’ambitions pour son pays natal.

K.S. : Qui est Kareen Seignon ?

Je suis Kareen Seignon, scientifique, née et élevée à Port-au-Prince. Ma mère est morte quand j’avais 3 ans. Mon enfance n’a pas été facile. La mort de ma mère m’a, en quelque sorte, poussée à étudier la biologie moléculaire. Petite, je me questionnais tout le temps sur les causes de son décès. On m’a seulement raconté qu’elle était allée à l’hôpital pour se faire examiner et n’est pas revenue. Depuis mon enfance, j’ai toujours cultivé une certaine passion pour les sujets scientifiques. Cela m’a toujours intriguée. Ma grand-sœur et moi étions des fanatiques inconditionnelles de documentaires scientifiques et d’autres émissions tels que “C’est pas sorcier” et “Il était une fois la vie”. Nous avions l’habitude de jouer aux personnages scientifiques, faisant semblant de travailler dans un laboratoire. Durant mon adolescence, j’avais aussi l’habitude d’aller passer des vacances, à Plaisance du Nord, chez ma grand-mère du côté maternel.

Quand j’ai quitté Haïti pour les Etats-Unis avant mes 21 ans, j’avais déjà entamé mes études universitaires à la Faculté de Linguistique Appliquée et la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université d’État d’Haïti. Arrivée aux États-Unis, cela n’a pas été facile. J’ai dû beaucoup travailler pour subvenir à mes besoins et, du même coup, aller à l’école du soir pour apprendre à parler l’Anglais. Un an après, j’ai intégré Miami Dade Collège. A cause de mes bonnes notes, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le programme d’honneur « Miami Dade Honors Program » de ladite institution. Ce programme m’a permis d’avoir accès à d’autres opportunités. J’ai également pris part à un programme d’initiation à la recherche Biomédicale à l’Université de Miami. Après 2 ans, j’ai été admise à l’Université Smith Collège qui s’est soldée par l’obtention de ma Licence en Biologie. J’ai travaillé pendant à peu près deux ans. Puis, je suis retournée à Smith Collège pour entamer une maitrise en Biologie Moléculaire où  mon sujet de recherche portait sur la schistosomiase, une maladie infectieuse affectant plus de 200 millions de personnes dans le monde. Cela m’a aussi permis d’aller en Afrique (Entebbe, Uganda) à titre de formateur en vue de partager mes compétences acquises avec d’autres chercheurs travaillant sur les maladies infectieuses.

K.S. : Parlez-nous du projet TIkalab ? D’où vous est venue l’idée de le lancer ?

TIkalab est un laboratoire virtuel dont le but est de susciter un intérêt, une curiosité pour la science chez les jeunes, plus particulièrement les enfants. J’ai toujours eu cette envie de contribuer à l’avancement de ma communauté. L’une des façons pour moi de le faire est de vulgariser les connaissances scientifiques. Je reste convaincue que plus une communauté est formée et informée, plus elle prendra des décisions efficaces à son progrès et à sa croissance.

La première vidéo que j’ai mise sur ma chaîne date de 2019. Mon but était de produire une quantité successive de vidéos sur une période d’à peu près 6 mois et de les publier progressivement. Cependant, en 2020, à cause de la pandémie COVID19, mon partenaire m’a informé que les gens en Haïti s’inquiétaient parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’informations relatives à la maladie, sa propagation et ses moyens de prévention. Alors, étant seule un soir dans ma chambre, j’ai conçu une présentation que j’ai partagé sur Facebook (Le lien de la vidéo :  https://www.youtube.com/watch?v=But6k2WhC4c). En quelque jours, cette vidéo avait eu plus de 10,000 vues sur Facebook. Depuis lors, je produis d’autres épisodes sur la COVID19.

K.S. : Pourquoi avez-vous priorisé l’apprentissage en créole et pas dans une autre langue ?

Mes vidéos sont destinées prioritairement aux haïtiens. Tous les haïtiens parlent et comprennent le créole. Alors, j’ai choisi cette langue pour atteindre une audience plus large. Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’appropriation de la connaissance. J’ajoute des sous-titres en anglais parce que certains de mes amis et collègues anglophones y ont également manifesté un vif intérêt.

K.S. : Pourquoi ce nom ? Que veut-il dire, TIkalab ?

Le but de TIkalab est d’encourager les enfants à s’intéresser à la science à travers des expériences faciles, innovantes et amusantes. TIkalab est ainsi déchiffré : Ti = timoun (enfants en créole); Ka = les deux premières lettres de mon prénom (Kareen); Lab = Laboratoire

K.S. : A quel public TIkalab est-il destiné ?

Certains contenus sur ma chaîne YouTube sont destinés aux enfants, par exemple, dans l’une des vidéos, je montre comment extraire l’ADN d’une figue banane en utilisant des produits et outils de mon environnent immédiat.

D’autres sont destinés aux jeunes et adultes : Comme, par exemple, les épisodes sur la COVID19. Mon objectif est de créer beaucoup plus de contenus pour les enfants en vue d’aiguiser davantage leur curiosité. Je travaille là-dessus. 

K.S. : Outre les capsules vidéo que vous publiez à travers votre page YouTube, avez-vous d’autres projets en perspective ?

Pour l’instant, TIkalab se résume à une plateforme digitale qui utilise plusieurs canaux de vulgarisation. Je travaille à temps plein en tant que scientifique. TIkalab ne me rapporte aucun gain financier. La chaîne YouTube n’est même pas encore monétisée. J’essaie de mon mieux de créer des contenus pour TIkalab le soir après mes obligations, quand je ne suis pas trop fatiguée, et d’autres capsules en week-end.

Si je veux réaliser une expérience sur la chaîne ou acheter un appareil pour m’aider à mieux créer les contenus, je puise dans mes fonds personnels. Pour l’instant, je fais tout. Je me filme moi-même. Quand j’ai de la compagnie, je me fais aider pour filmer certaines de mes vidéos. C’est moi qui les édite et les partage sur les réseaux sociaux comme YouTube, Facebook, LinkedIn, Instagram, et twitter. 

Diane Bissereth


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