« Jounalis an Ayiti, yon metye ki make san » : un film documentaire bien ancré dans l’actualité

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« Jounalis an Ayiti, yon metye ki make san » est un film documentaire d’une quarantaine de minutes, qui propose un tour d’horizon sur la problématique des journalistes agressé-e-s et/ou tué-e-s en Haïti. À un moment où la violence sur les journalistes en Haïti est une préoccupation majeure, le film, cette production visuelle a tout son merite.

C’est un film à valeur pédagogique, pour aider à comprendre le rôle des journalistes dans la société et le fonctionnement des métiers de la presse en général. La charte de Munich d’ailleurs à la fin du film en témoigne. Réalisé par Ethson Otilien en partenariat avec le Centre Pen, ce film donne la parole à l’historien Pierre Buteau, aux professeurs Jean Casimir, Mick Robert Arisma et la journaliste Sabine Étienne Jean. Ces quatre personnalités partagent un regard éclairant sur cette problématique.

« Jounalis an Ayiti, yon metye ki make san », c’est un film qui permet de comprendre la violence dans la société haïtienne dans sa globalité, en ayant mis l’accent sur les journalistes. Les journalistes ont toujours vécu la violence, victimes d’assassinat mais avec une particularité à l’époque actuelle, selon l’historien Pierre Buteau. « Avant, on savait que c’était l’État qui était responsable de la mort des journalistes, il avait le monopole de la violence», dit-il. « Mais avec cet éclatement de la violence, on peine parfois à savoir qui attaque aujourd’hui», ajoute entre autres l’historien Pierre Buteau, qui se remémore avec regret un certain nombre de journalistes victimes de violences dans le passé».

« Avant, on savait que c’était l’État qui était responsable de la mort des journalistes, il avait le monopole de la violence. Mais avec cet éclatement de la violence, on peine parfois à savoir qui attaque aujourd’hui». Pierre Buteau

Le film permet aussi de déceler  l’incompréhension des uns et des autres par rapport au métier, mais aussi par rapport à la fonction sociale de celui qui l’exerce.

« L’attaque contre les journalistes relève d’une méchanceté gratuite, d’une injustice sociale et d’une certaine ignorance de son travail. Empêcher le journaliste de faire son travail, c’est détruire la démocratie », fait observer Mick Robert Arisma, qui en a profité pour faire le point sur le processus des nouvelles de presses.

« Le journaliste qui donne la nouvelle n’en est pas l’auteur. C’est une nouvelle qui lui vient des sources, qu’il vérifie et qu’il traite. La nouvelle qu’il donne se construit comme elle est donnée. En ce sens, le journaliste ne fait qu’aider la société à avoir des informations claires sur ce qui se passe pour l’aider à prendre de bonnes décisions », ajoute le professeur d’université.

Le film aide par ailleurs à comprendre que les journalistes sont pris pour cible et souvent frappé-e-s, parce qu’ils gênent le système qui resserre l’étau au peuple « L’État, depuis sa création a toujours refusé la route de la démocratie. Le journaliste est par définition un métier anti-violence, anti-dictature anti-autoritarisme, anti-arbitraire. C’est sa nature. Il fait un court circuit à l’État », explique entre autres le sociologue Jean Casimir, qui pense que les journalistes vont continuer à être frappés, car ce qu’ils veulent, c’est de voir changer les choses.

« L’État, depuis sa création a toujours refusé la route de la démocratie. Le journaliste est par définition un métier anti-violence, anti-dictature anti-autoritarisme, anti-arbitraire. C’est sa nature. Il fait un court circuit à l’État ». Jean Casimir

Le film permet enfin, à travers un témoignage de Sabine Étienne Jean, de mesurer l’ampleur de la brutalité policière face à des journalistes en plein  exercice.

Adlyne Bonhomme


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