L’autrice, humoriste et comédienne haïtienne, Gaëlle Bien-Aimé vient de remporter la neuvième édition du prix RFI théâtre pour sa pièce ”Port-au-Prince et sa douce nuit’’ et succède ainsi à Jean D’Amérique, qui avait remporté la 8ème édition l’an dernier.
Le prix a été décerné ce dimanche 25 septembre, au Festival des Francophonies, à Limoges. « Port-au-Prince et sa douce nuit » a été choisie pour la qualité de l’écriture, a précisé la présidente du jury, la comédienne Burkinabée, Odile Sankara. « Parler de l’amour dans le chaos d’une ville comme Port-au-Prince, comme beaucoup d’autres villes, nous semblait important et ça nous a beaucoup touchés. Sensible, précis, concis. Et les personnages aussi », a-t-elle dit.
« Ma première réaction, quand j’ai su que j’avais le prix : j’ai pleuré. Je ne sais plus ce que j’ai dit. Mais je sais que j’étais très ravie d’entendre ça. Quelque part, j’attendais l’appel, j’attendais la nouvelle », a répondu la lauréate, dans une entrevue qu’elle a accordée à RFI.
Entrevue dans laquelle elle évoque que son travail est traversé par la thématique de la migration et explique : «je ne veux pas rester à cette place qu’on m’a assignée juste parce que je suis une femme noire qui vit en Haïti. Je pense que cette insolence me donne la force de travailler malgré les incertitudes, malgré ces jours brumeux. Et c’est cette insolence qui m’a donné la force de croire que mon texte pourrait avoir ce prix, par exemple. »
Créé en 2014, le « Prix Théâtre RFI » a pour objectif de promouvoir la richesse des écritures dramatiques contemporaines francophones du Sud et de favoriser le développement de carrière de jeunes auteur-ice-s.
‘’Port-au-Prince et sa douce nuit’’, qui raconte une nuit d’amour dans le chaos de Port-au-Prince aura l’avantage d’ouvrir la 11ème édition du cycle de lectures Ça va, ça va le monde ! en juillet 2023 organisé au Festival d’Avignon par RFI, et sera ensuite diffusé sur les antennes de RFI.
Gaëlle Bien-Aimé, 34 ans, fait partie de cette génération d’auteur-e-s haïtien-ne-s, qui assurent la relève des lettres haïtiennes avec brio. Et qui les font apprécier de l’autre côté des frontières du monde. Le travail de création de l’auteure de ‘’Que ton règne vienne”_ un autre texte inscrit dans la lignée de Port-au-Prince et sa douce nuit” est d’autant un travail de qualité qu’il se veut une radiographie de la situation de sa terre toujours aux prises avec le terrible.
Dans un article publié sur RFI la concernant, le journaliste Siegfried Forster a écrit : « Sa voix, à la fois douce et forte, repose sur un imaginaire puissant et poétique. La pensée théâtrale de Gaëlle Bien-Aimée est nourrie par une langue multiple reflétant la réalité terrifiante et les rêves encerclés par la violence de son pays ».
Notre littérature a ceci de particulier, qu’elle pioche une étincelle, ne serait-ce que pour faire peur à la nuit. La nuit trainarde et monstre, qui semble s’emparer de tout. Notre littérature trouve toujours comme une brèche pour nous dire que l’édifice est encore debout. Pour dire que quelque chose existe ici, capable encore de nous rendre fiers. Ce prix RFI théâtre octroyé à Gaëlle Bien-Aimé en est la preuve.
Adlyne Bonhomme