Fédeline Bigot peint, dans son premier ouvrage: « Mon agonie », une réalité transversale et cruelle, donnant la parole à une fille violée dans sa chair et son intimité. Sacré « Prix Amaranthe 2019 » (catégorie roman), concours organisé par C3 Éditions, ce texte la fait connaitre aux amantes et amants de la littérature.
Publier un premier texte et rafler un prix haut la main en même temps, c’est ce pari que Fédeline Bigot a réussi avec son premier roman titré « Mon agonie ». Texte qui est publié en mai 2020, plusieurs mois après la réception de son prix, en raison des contraintes liées au Covid-19.
La plume de Bigot s’est révélée à plus d’un.e, consciencieuse et juste. En effet, elle prend le soin de faire passer les ressentis d’une fille violée qui, après, s’attelle à recoler les morceaux et se refaire une vie. Ici, la guérison prend des visages multiples d’une possible rédemption qui s’accompagne d’un sentiment de revenge.
Le récit campe Nathalie, une fille âgée de 16 ans qui est violée par Ronald, présenté à elle par sa grande sœur. Ce dernier a une liaison avec cette dernière qui le lui a présenté comme son oncle. Ronald, le bourreau de Nathalie, est en réalité le petit ami de sa grande sœur, Claudia qui protègera son amant au détriment de sa petite sœur qu’elle n’hésite pas de mettre à la porte.
Nathalie va essayer d’avancer, d’oublier, de laisser cette expérience derrière elle en se prostituant tout en promettant de se venger de Ronald. Les plaies intimes, les fissures de l’âme, les douleurs de cet acte abject laissent sur sa langue le goût amer d’une existence pénible. Elle peine à se remettre de cet épisode mais veut tout de même gravir les échelons de la réussite.
« L’écriture m’aide à redresser la réalité quand elle est cruelle »
Celle qui confie qu’écrire l’habilite à donner un écho considérable à sa voix, croit qu’il s’agit pour elle d’un vrai besoin: celui de cracher son indignation, son impuissance. « J’écris pour ne pas rester impuissante dans des situations où j’ai l’impression d’être un rien ».
« Mon agonie » traduit cette nécessité de faire passer les ressentis qui peuvent animer un corps blessé, saccagé, violé. Bien qu’il s’agit d’un récit fictif, il est écrit à la première personne du singulier parce qu’ainsi Fédeline Bigot affirme se sentir plus rapprochée de la situation qu’elle décrit. Cela la permet d’être plus lucide et se mettre dans la peau de son personnage. « Par exemple, quand on prend la situation de Nathalie telle que décrite, je me sentais plutôt connectée à une femme violée. Et ainsi je me sens capable de briser les préjugés qui alimentent ou banalisent un tel crime avec la même désinvolture », reconnaît Fédeline.
« Ecrivez avec amour et passion »
Fédeline Bigot affirme être de celles et ceux qui ont beaucoup lu, beaucoup voyagé dans des univers fantasmagoriques. Elle se laisse volontairement guider par son imaginaire pour accoucher avec fidélité des traits de personnages et des passages qui sauront amener les lecteurs et lectrices à bousculer les habitudes et leur redonner des ailes pour appréhender des réalités à la fois complexes et diverses. Pour la gagnante de Prix Amaranthe 2019, l’ecrivain.e est celle/celui qui tient à apporter la lumière et à redonner l’espoir. Si quelqu’un rêve de pouvoir publier, elle lui conseille de toujours raviver la flamme de cette passion pour l’écriture afin de pouvoir la manier avec aisance, appétence et exigeance. « Ecrivez avec amour et passion. Ne soyez pas satisfait.e des premiers jets. Tout en exigeant le meilleur de vous, ne prenez pas les critiques trop personnelles. On n’est pas forcément apprécié.e au premier coup. Aimez ce que vous faites. », a-t-elle exorté.
Fédeline Bigot est une belle promesse.
Jeanne-Elsa Chéry