Décriée. Dénigrée. Souvent incomprise, la lutte feministe en Haïti continue. En dépit des avancées considérables, les connaissances autour de ce mouvement n’est pas assez vulgarisé. Somme toute, de nos jours de plus en plus de jeunes femmes haïtiennes s’identifient comme féministe. Le cas de Néhémie Lamarre.
Dans la vingtaine, Néhémie Lamarre ne brûle d’amour que pour le théâtre et le social. Membre de l’organisation féminine et féministe, la Fondation TOYA depuis 2022, la native de Port-au-Prince a pris à bras-le-corps le féminisme. Une prise de conscience « que rien ne nous sera acquis sans lutte, sans que nous n’œuvrons pas à nous affirmer nous mêmes », Pour l’étudiante en licence de service social, faire partie de ce mouvement revient à exprimer un ras-le-bol des femmes dont la ferme volonté de s’ériger contre un système patriarcal, qui étouffe les femmes mieux qu’il ne leur laisse la possibilité de s’épanouir. S’exposer à tellement de violence de la part de gens qui ne veulent pas démordre de l’idéologie selon laquelle les femmes comptent pour quantité négligeable. Et tout compte fait, défendre l’idée d’une société où tout le monde a les mêmes chances.
Ce n’est pas une lutte qui fonctionne en autarcie. Comme affirme ce vieux proverbe de chez nous, Ansanm nou fò , qu’on pourrait traduire par « L’union fait la force », la légende haïtienne, Néhémie Lamarre qui est aussi couturière croit en la sororité. L’une des choses qui continuent à la marquer au sein de la fondation TOYA, ce tèt ansanm ,( union en francais) qui anime les jeunes filles ainsi que leur enclin à partager ce qu’elles savent. Par ailleurs, on ne saurait parler du féminisme en Haïti sans souligner la présence et le travail des associations de femmes. À la question, comment comprend-elle le travail de ces dernières dans la société ? Elle avance. « Au-delà de toutes critiques que je pourrais émettre à l’encontre des organisations féministes en Haïti, leur travail permet de rassembler des femmes, de leur offrir un soutien dont elles ont grandement besoin et contribuent à l’épanouissement des femmes au sein d’une société qui les opprime ». Des organismes qui ont encore du pain sur la planche.
Dans l’histoire de la lutte des femmes haïtiennes visant l’égalité, on retient des noms comme, l’avocate Madeleine Sylvain-Bouchereau qui érige en 1934, “la Ligue féminine d’action sociale ». Elle est d’ailleurs considérée comme le premier mouvement féministe d’Haïti. Défendant le droit de vote pour les femmes, l’égalité salariale et autres, la ligue ne fera pas long feu. Le gouvernement d’alors ne la voit pas d’un bon œil. En 1986, suite à l’exil de Jean Claude Duvalier, d’autres têtes s’érigent toujours pour la cause des femmes, Mireille Neptune Anglade, Myriam Merlet, Magalie Marcelin, Monique Dauphin pour ne citer que celles-là. Ce qui revient à dire que la passation de flambeau s’est toujours pérennisée.
D’où l’importance de l’implication d’autres jeunes femmes. Elle « représente l’espoir du mouvement, la possibilité de donner de l’essor au mouvement et une chance à ces jeunes femmes aussi de s’épanouir », déclare Néhémie Lamarre. Cependant à côté de cela, la comédienne défend que l’éducation des garçons est l’un des points fondamentaux du mouvement féministe. Pour cette dernière, donner une éducation féministe aux garçons est une possibilité d’avoir une génération future d’hommes qui ne soient pas imbus d’eux-mêmes et croyants en une certaine supériorité du masculin. L’étudiante en en licence de sciences juridiques ambitionne l’idée « de pouvoir lier le travail social ainsi que le droit et en faire un outil dans la lutte pour le droit des femmes en Haïti. Les droits de toutes les femmes ». En outre, la jeune Néhémie Lamarre n’oublie pas le théâtre. Son exutoire depuis 2019 dans lequel, elle trouve la force et l’ivresse pour dire la vie, «ll m’est maintenant difficile de voir ma vie sans».
On souhaite bonne suite à Néhémie Lamarre.
Shylene Prempin