Offrez des bâtonnets d’allumettes et du fil à coudre à Ennjy, elle vous en fera des marionettes! De son vrai nom, Jenny Prinston, la finaliste de la deuxième édition de Fotojounen 2:0, crée des figurines et les expose dans des situations quotidiennes. Soit pour promouvoir le bien-être, soit pour porter des revendications ou pour se rappeler avec nostalgie des plaisirs de l’enfance. La jeune créatrice nous plonge au coeur de sa passion.
Jenny Prinston est plus connue sous le pseudonyme de Ennjy. Très jeune, Ennjy, s’adonnait à la poésie. Portée tout naturellement vers les médiums artistiques, particulièrement la photographie, la jeune femme avoue que si l’art, est pour certain.es un tremplin de divertissement, il a toujours été pour elle un moyen d’accéder à certaines vérités. “De voir véritablement ce que les autres ont à offrir avec leur corps et leur yeux”, ajoute-t-elle. En effet, les photos d’Ennjy respirent et nous parlent comme si elles avaient toutes une âme qui pouvait se connecter à la nôtre. Mais bien plus que ses photos, ce sont ses maquettes d’ailleurs, qui nous interpellent le plus. Publiées au début sur ses comptes personnels avant de créer une page spécifique pour les réléguer, l’on entrevoit à travers ses prises, un bel esprit de créativité. À ce sujet, Ennjy raconte qu’elle s’est éprise par la création des marionettes parce qu’un jour, elle est tombée sur un photographe indien qui fabriquait des petits bonhommes avec des allumettes et que cela avait attiré son attention. “Je me suis mise au défi de réaliser quelques personnages. Depuis je ne m’en lasse plus”, confie-t-elle.
Les figurines d’Ennjy, moyen efficace pour divulguer un message
Pour Ennjy, l’art est une arme puissante. À côté du loisir et peut-être le plaisir qu’elle prend à vivifier ses marionettes, la jeune créatrice affirme que ses créations sont des signes de revendications. ” Dans chacune de mes œuvres, je peins une réalité différente. Certains reflètent la nostalgie de nos jeux traditionnels presqu’en voie de disparition, d’autres sont le climat toxique dans lequel nous vivons en Haïti”, explique-t-elle dans une entrevue écrite accordée à Mus’Elles. Et sur cette même lancée, elle poursuit pour déclarer qu’en ces temps difficiles, l’art est d’ailleurs un très bon moyen d’évasion. Une véritable porte de sortie également car elle croit, à titre de jeune créatrice que ” l’art permet tant aux individus qu’aux sociétés d’établir ou d’actualiser leurs rapports avec eux mêmes, avec les autres, avec leur propre humanité”.
Pour fabriquer ces bonhommes, Ennjy utilise des allumettes , des fils à coudre de couleurs différentes, de la glue et son smartphone pour les photographier. Sur “Ashiki“, la page officielle qu’elle a crée en Février 2022 pour répertorier ses photos, elle embrasse à travers ses créations des thématiques comme l’entraide, la solidarité… et représente aussi des instants de vie, l’ambiance de se retrouver ensemble à savourer de la bonne musique.
Comme tout artiste ou créateur. trice, Ennjy souhaite, un jour, exposer ses créations. “Evidemment! C’est l’un de mes projets qui me tient à cœur”, a-t-elle déclaré, apparemment vivement enjouée, à ce propos. Mais entre-temps, en attendant le grand jour-J, la jeune femme vient de lancer ce mois de Mai, un projet qui visiblement a été bien accueilli par les internautes. Il s’agit de produire une série de photos de femmes, en noir et blanc. L’idée, d’après Ennjy, c’est de laisser la liberté à ces femmes de se présenter telles qu’elles sont. “Moutre m jan w ye a, sa vle di lèse m fotografye laperèz ou oswa sa n ta rele lawonte nan kò w yo, sa nou pa fyè de li yo men ki fè pati de nou “, avait ainsi précisé, la créatrice.
Celle qui a plusieurs chapeaux comme linguiste, analyste et poétesse figurait parmi les dix participant.es finalistes à la deuxième édition de ” Foto jounen an“. Une initiative portée par l’artiste-photographe Gloria Sylvain et qui s’inscrit dans une démarche de personnifier et vivifier les détails les plus subtils de notre quotidien. Celles et ceux qui nous entourent et dont la beauté nous échappe souvent. Une deuxième édition qui s’était déroulée sous le thème ” Vini m montre w” et dont la finale a eu lieu le 9 Avril 2022 à Barak, à Pétion-ville.
Jessie Lisa A.R Tataille