C’ était le samedi 16 octobre 2021, que Kettly Mars, romancière, et présidente du Centre Pen Haïti, a procédé aux élections devant amener Emmelie Prophète, elle aussi romancière et directrice du Bureau Haïtien des Droits d’Auteur.e, à la tête de l’institution, réalisant ainsi l’exploit que le gouvernement peine à faire depuis 2019…
3 ans à la tête du Pen, dans un contexte de Peyi lòk et de COVID-19, c’est malgré tout un bilan positif que remet madame Mars. En effet, à son arriver au Pen, elle a déménagé les locaux, passant de Tomassaint 32, à Delmas 75, rendant ainsi le Centre plus près du bas de la ville où se trouve une grande partie de son public.
Madame Mars ne s’est pas arrêtée là, elle a fait de la bibliothèque du Pen, qui était une bibliothèque générale, une bibliothèque spécialisée , c’est à dire une bibliothèque où il est cette possible de trouver des livres de lecture de divertissement, mais aussi et surtout des livres de référence pour différents corps de métiers, en l’occurence, l’ écriture, le journalisme, l’animation d’ateliers d’ écriture et de traduction, entre autres.
Le Centre Pen Haïti, seule association d’écrivaines et d’écrivains et de journalistes active a aussi vocation d’organiser des résidences d’ écriture. C’est ainsi que l’administration de Madame Mars a accueilli à la résidence Georges Anglade, fondateur du Pen Haïti et premier Président du Centre Pen Haïti, a acceuilli les deux lauréates du prix du jeune journaliste haïtien. Les deux jeunes filles ont profité du dispositif en place pour entres autres, écrire, discuter et rencontrer d’autres jeunes journalistes. Durant l’année 2020, afin d’encourager les pratiques littéraires durant le COVID-19, le Pen avait lancé le journal d’un confinement qui avait vu des textes autant de fiction que de poésie naitre malgré le contexte difficile et mis ainsi la lumière sur de jeunes plumes inconnues alors.
Dans l’idée d’accompagner le travail des femmes qui produisent, madame Mars a créé le Comité des Femmes écrivaines du Centre Pen Haïti, comportant plusieurs noms dont: Maria Sheba, PDG de la revue Rêver d’Arc-en-ciel, Andrise Pierre, Jeanne-Elsa Chéry, coordonnatrice de Mus’Elles, et Cherlie Rivage, instigatrice du Banquet Poétique et directrice artistique du Festival: Les Rendez-vous de la Poésie Contemporaine.
“En tant que femme, écrivaine et première présidente du CPH j’ai choisi de mettre l’accent sur sur un objectif essentiel qui est l’encadrement des femmes dans les domaines littéraires et journalistiques.” Mon constant a été que malgré l’importance symbolique du statut de la femme dans la société haïtienne, à l’heure des réseaux sociaux et du féminisme médiatique, les représentations sociales et surtout les comportements évoluent relativement peu dans le temps. En témoignent les rapports des organismes humanitaires et des associations féministes dont le plus récent, L’impunité des violences faites aux femmes et aux filles en Haiti, mémoire présenté à la CIDH, en février 2019.
Toujours dans cette idée, en 2020, le Pen avait lancé une bourse d’accompagnement pour les créatrices haïtiennes autour du thème: être femme écriture de l’altérité, et plusieurs des textes produits dans le cadre de ce laboratoire d’écriture sont disponible autant sur le site de Mus’Elles que celui du Pen.
Au programme de madame mars, il y avait aussi un accroissement de la présence du Pen Haiti sur internet. C’est en ce sens que le site internet a été relancé et qu’en plus d’une page Facebook existent aujourd’hui un compte Instagram et Twitter.
Le seul regret exprimer par la présidente sortante est le désengagement des écrivain.e.s confirmer, qui sont pour la plupart membres du Pen, et en effet aucun.e de ces écrivain.es n’a fait le déplacement alors qu’encore une fois, le Centre Pen Haiti est la seule association d’écrivain.e.s en activité. Cependant Madame Mars a tenu à préciser que les jeunes étaient plus fidèles au Pen, tout en rappelant que la cotisation annuelle pour être membre est de 1000 gourdes.
Kettly Mars laisse le Centre Pen Haïti avec aussi des projets à venir, et le plus important: un projet autour des nouvelles écritures médiatiques visant les écrivaines, afin de démocratiser la pratique journalistique dans le pays, car en effet, ce projet vise non seulement des femmes journalistes, mais aussi celles vivant hors Port-au-Prince.
Durant ce mendat de trois ans, madame Mars avait avec elle une équipe partageant aussi son bilan, nous pouvons citer l’écrivain Avin, qui a joué le rôle de conseiller durant ces trois années, Evains Weche, le secrétaire général sous le mandat de madame Mars, Philippe Bon, qui a été d’une grande aide à la réalisation de la vision de la romancière.
Si aujourd’hui madame Mars n’est plus à la tête du Centre, elle reste membre et est présente au sein du comité des femmes écrivaines.
On ne peut que lui souhaiter bonne chance pour son mandat, et remercier Madame Mars et son équipe pour le travail réalisé malgré la situation délicate au niveau national et international.
Melissa Béralus