Conférence sur la dette de l’indépendance d’Haïti: retour sur les implications économiques

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Un article du journal américain Le New York times depuis plus d’un mois a remis dans les débats la question de la dette de l’indépendance haïtienne, agitée il y a 19 ans par l’ancien président d’Haïti, Jean Bertrand Aristide. Depuis la sortie de l’article en effet, la population, en particulier sur les réseaux sociaux, s’exprime plutôt fiévreusement sur cette question. On sent donc un regain d’intérêt assez sérieux aussi chez certains acteurs de la société civile organisée par rapport à cela.

Par ce même intérêt, justement, deux clubs de débat _ celui du Centre Culturel Pyepoudre et celui de la Bibliothèque Monique Calixte ont mis en conférence la professeure Michèle Pierre Louis et l’économiste Kesner Farel autour du thème : « La Dette de l’Indépendance d’Haïti ».

Tenue le 2 juillet à la salle Fritznel Fanfan Morisseau, cette conférence a réuni un public divers, composé d’écoliers, d’étudiants, de professeurs d’université…

C’est sur le sous-thème “La dette de l’indépendance d’Haïti, contexte historique et géopolitique : enjeux, défis et perspectives ”, que la professeure Michèle Pierre Louis était intervenue.

Dans son intervention, qui s’est déroulée comme un véritable cours d’histoire, Michèle Pierre-Louis a fait le tour de l’histoire de l’esclavage jusqu’à la proclamation par Dessalines de la victoire des troupes indigènes sur les troupes françaises en 1803. Elle a montré comment ce pays a évolué à partir de l’indépendance. Elle a aidé à comprendre le rôle des grandes puissances par rapport au nouvel état et les enjeux économiques auxquels celui-ci était soumis. Mais aussi, de l’implication de ces puissances dans notre économie, des États-Unis en particulier. Elle a expliqué la contraction de la dette de l’indépendance par Boyer, qui était plutôt une double dette. Mais surtout, la politique de Boyer après, qui a fait payer la dette par la paysannerie haïtienne. Car c’est par le café que la dette a été payée. « La dette de l’indépendance, c’est le début d’une difficulté considérable de la république, qui va s’engouffrer dans un cycle infernal de dette jusqu’à aujourd’hui. », a expliqué madame Pierre Louis, qui voit dans cette dette une escroquerie de la France. « La France nous a escroqués. D’abord, la dette est calculée sur une fausse base », a-t-elle-dit « Au moment de l’indépendance, nous sommes 500 000. Pour la première fois, d’anciens esclaves ont une vie privée. L’enfant nait dans une situation ou son existence sociale, légale est niée. Pour la première fois, on développe une vie privée. On a le droit d’avoir des enfants, qui sont libres et on développe une manière de travailler. Et maintenant vous allez mettre sur le dos de cette population le paiement d’une dette qu’ils n’ont pas contractée », s’est-elle désolée.

Madame Pierre Louis a encouragé à s’intéresser à l’histoire d’Haïti et à comprendre grâce aux faits, ce qui s’est passé. Et de mieux comprendre la complexité des choses, de comprendre ce que l’histoire nous enseigne et tirer les conséquences.

Quant à l’économiste Kesner Pharel, c’est sur le sous-thème «  Possible retombée économique de cette dette :  Haïti est-elle totalement responsable de sa pauvreté ? » qu’il s’est entretenu avec le public.

Dans sa prise de parole, l’économiste Kesner Farel a souligné d’emblée le fait que dans toute guerre il y a l’aspect financier. Si nous avons gagné la guerre militaire dans notre cas, à l’époque, a-t-il dit, nous avons perdu la guerre financière. Car, malgré l’intelligence des généraux comme Dessalines, comme Toussaint ou comme Christophe, on avait pas de soldats financiers pour réfléchir sur les questions économiques, a-t-il ajouté. Kesner Farel a fait comprendre la situation des dettes d’Haïti et le fait qu’elles durent. L’économiste a sensibilisé les plus jeunes sur les conséquences de ces dettes qui seront de plus en plus importantes à l’avenir, si rien n’est fait. Il a aussi parlé du budget du pays et de la gestion catastrophique des fonds en considérant énormément de chiffres.

La mauvaise gestion lui a fait poser la question à l’assistance, de savoir si elle serait d’accord de confier l’argent de restitution au pays, si on venait à le récupérer. À ceci, justement, il croit qu’il faut des réformes structurelles et des gens qui pensent différemment sur le budget et les finances publiques, au cas où l’on aurait remis l’argent au pays. Il croit que la société civile doit s’organiser pour forcer à restituer l’argent. Mais devrait jouer pleinement son rôle dans sa gestion aussi, si on l’aurait eu.

Après les énoncés des intervenants, un riche débat a pris place avec des avis partagés sur la question.

Adlyne Bonhomme


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