Avec son projet Rad mare, Zuma Jasmine Lavertu est boursière des résidences par 4 chemins

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Touche-à-tout dans l’univers du théâtre et des arts de la scène, Zuma Jasmine Lavertu est parmi les 3 artistes lauréat.e.s de la neuvième édition des Résidences par 4 chemins aux côtés de Shneider Léon Hilaire avec son projet « Mythes et légendes du littoral des Côtes-de-Fer » projet de Peinture et Lazaro Benitez avec son projet « Les ramasseuses du sel, un chant pour les invisibles ». Titré « Rad mare » et affecté sur Petit-Goâve, ce projet théâtral met le curseur sur un pan de la situation actuelle en Haïti en lien avec l’ insécurité grandissante et les difficultés qui sont celles d’un certain nombre d’étudiant.e.s de Petit-Goâve à pouvoir mener à bien leurs études. Zuma Jasmine Lavertu s’est livrée sur ce projet et en a profité pour nous parler de son parcours de comédienne qui commence à être très riche.

Mus’elles. Vous êtes boursière cette année des Résidences par 4 chemins. Avec quel sentiment avez-vous appris que votre projet a été sélectionné ?

Zuma Jasmine Lavertu. C’est avec un sentiment de grande satisfaction que j’ai reçu la nouvelle. Mais, il me faut le dire, une satisfaction toute faite de tristesse, de douleur et aussi de colère. Tristesse, ai-je dit, parce que justement « Rad mare » est conçu et monté dans un moment de peine et de douleur aiguës, c’est-à-dire à partir du moment où j’ai découvert un phénomène particulier dans notre vie, mais malheureux : un grand nombre de jeunes gens de ma ville natale, Petit- Goâve, donc des ami.e.s ou des connaissances, sont forcé.e.s d’abandonner leurs études en raison des problèmes liés à l’insécurité. Il devient pour eux de passer à Martissant, situation qui incite même les parents à rappeler leurs enfants qui étaient encore à Port-au-Prince. Une jeune fille de Petit-Goâve, Osny Zidor, vous vous en souvenez, peut-être, pleine d’avenirs, ayant reçu une balle perdue, en plein cœur de Port-au-Prince, à Bois-Verna, est morte comme une chienne, au bord de la route. Oui donc, ma satisfaction d’aujourd’hui est toute faite de tristesse. Et c’est là, je pense, que réside toute la magie de l’art qui nous permet de donner un écho universel à nos cris, en les transformant. L’art qui nous permet de partir des peines d’autrui ou de nos propres peines et douleurs pour en produire quelque chose de beau, d’innovant et qui concerne tout le monde…

Mus’elles. « Rad mare » , c’est le titre de votre projet de théâtre retenu dans le cadre des résidences par 4 chemins. Pouvez-vous nous en dire plus?

Zuma Jasmine Lavertu. « Rad mare » parle de théâtre. C’est une série d’ateliers de réflexion et d’écriture théâtrale avec dix (10) jeunes de Petit-Goâve qui ont dû, comme beaucoup d’autres, abandonner leurs études. Durant un mois, ils travailleront sur des thèmes qui touchent l’insécurité qui sévit en Haïti, précisément à Port-au-Prince, ses conséquences et ses impacts sur leur vie, leur avenir, en tant que jeunes étudiant.e.s, haïtien.ne.s. Et les textes produits dans le cadre de ces ateliers seront exposés et joués lors d’un événement de théâtre qui sera expressément organisé à cette fin.

Mus’elles. Vous faites bouger le théâtre, depuis déjà un bon bout de temps. Comment est né chez vous cet amour du théâtre?

Zuma Jasmine Lavertu. Je ne puis dire comment ou même quand est né en moi cet amour du théâtre. Car j’ai toujours adoré la scène, j’ai toujours aimé le théâtre. Je peux cependant situer ma grande détermination à faire du théâtre à ma première fois sur scène. Jamais, je ne l’oublierai. C’était le 18 novembre 2012 avec le groupe MOLICAJ (Mouvement littéraire culturel et artistique des jeunes). Alors que je jouais, entraient dans la salle quelques membres de ma famille. J’ai tout de suite senti qu’ils étaient là pour une autre chose que mon spectacle. Ils savaient combien j’aimais mon père et j’avais vu juste. Mon père est mort le jour de mon premier spectacle. Donc, cela compte beaucoup pour moi. C’est certainement un événement qui fait que je m’attache autant au théâtre.

Zuma Jasmine Lavertu. Je suis juriste de formation (EDSEG), l’une des rares choses que j’ai faites qui ne soient pas immédiatement liées au théâtre. J’ai bénéficié, entre 2013 et 2019, d’une série de formations sur les arts de la scène ( Mothergo+ que dirigeait Sadrac Jean, août 2013 Formation de théâtre Forum, Formation de théâtre Rituel, l’Association Quatre Chemins, Anouscka Brodacz, 2019 novembre 2016 | 2017, chemins, Kettly Noël et autres).Voilà, je suis donc une passionnée de théâtre. J’ai participé dans de nombreuses pièces de théâtre, dont: ” Réflexions balistiques” de Laurent Van Wetter, mise en scène par Guy Régis Junior. Je suis formatrice de théâtre Forum. Je travaille spécialement avec des orphelins et des personnes à mobilité réduite.

Mus’Elles. Parlez- nous de votre parcours. Permettait-il de présager votre investissement artistique actuel ?

Zuma Jasmine Lavertu. La scène est mon espace de prédilection pour dénoncer et combattre le mal et, ce faisant, contribuer à embellir le monde et l’humanité.

Mus’elles. Aimeriez-vous placer un dernier mot ?

Zuma Jasmine Lavertu. Je veux juste remercier celles et ceux qui avaient crû en moi et qui m’ont formée. Le travail y continue !

Il est à noter que les résidences par 4 Chemins est un programme de résidences consacré à la recherche artistique en Haïti. Il s’agit de proposer à des créateurs et créatrices innovants de tous les horizons, de passer un temps précieux pour développer leurs créations dans les villes intérieures du pays. Par ce programme, l’association vise d’une part à l’accompagnement des artistes dès les premiers balbutiements de leurs idées de création, mais surtout à la décentralisation effective des activités culturelles confinées à Port-au-Prince.

Propos recueillis par Adlyne Bonhomme


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