Anne Sophie Vixamar, jeune artiste plasticienne et touche-à- tout dans le domaine culturel est portée par un désir persistant d’y tisser de nouvelles cordes à son arc. C’est un cheminement vital pour l’artiste qui affirme : « Dans ce chaos, j’ai fini par me dire que c’est grâce à l’art que nous continuons d’espérer ».
On a chacun-e besoin d’un lieu pour vivre, pour espérer. Pour Anne Sophie Vixamar, il s’agit du lieu de l’art et de la création qu’elle vit, espère et s’épanouit. « C’est une question de vie ou de mort. Je crée ou je crève », lâche t-elle sur un ton péremptoire.
Âgée de 21 ans et native de Port-au-Prince, Anne Sophie est une ancienne élève du Collège Sacré cœur et de l’institution Éducative Manitane de Luc. Habitée par l’envie de se lancer dans la peinture, elle s’active pour mieux être dans le champ et mieux se l’approprier. Et pour ce faire, elle multiplie formations et ateliers, forge ses aptitudes, dès que l’occasion se présente. En effet, Anne Sophie a débuté une formation en art plastique à l’école nationale des arts (ENARTS). Si ceci l’a grandement aidée, un atelier de création proposé par l’association Nègès Mawon a été déterminant dans son investissement dans la création picturale.
«J’ai vraiment commencé à travailler plus intensément après ma participation à un atelier de création avec Yaël Talleyrand dans le cadre de l’édition 2022 du festival féministe Nègès Mawon », a confié celle qui a indiqué n’avoir jamais vécu l’art comme un touriste à l’affût des paysages photogéniques. Elle l’a vécu en toute intensité: « J’ai vécu mon coup de foudre pour la peinture en plein cœur des crises : sociale, politique ou intime »
Le journaliste Rosny Ladouceur notait dans un article publié dans Imedia Ayiti, que Anne Sophie Vixamar « fait usage de ses pinceaux comme boucliers pour dompter les fresques de la vie. » Ceci est bien vrai que l’artiste révèle qu’elle a toujours nourri l’envie de faire le métier de peintre. Pour mieux être dans le champ et mieux se l’approprier en effet, Anne Sophie a débuté une formation en art plastique à l’école nationale des arts (ENARTS).
L’artiste confie travailler pour l’instant sur une série de créations dont elle se gardait de nous dire les sujets au moment où nous lui parlions. « Le public doit être patient et aura des nouvelles au moment opportun », a simplement affirmé celle qui dit s’engager à être une meilleure version d’elle même.
Si Anne Sophie fait de la peinture, son dada, c’est pourtant une soif complète de l’art qu’elle cherche à étancher. Toutes les pâtes artistiques, culturelles et littéraires dans lesquelles ses mains se trouvent imprimées peuvent le confirmer. Citons simplement son implication dans l’organisation Krèm-Lank, instigatrice depuis 2015 du festival Slam Haïti. Anne Sophie s’est également formée en gestion d’entreprise culturelle dans le cadre de l’Accélérateur de festival mise en œuvre par la fondation CASELI et les associations CARACOLI ET TAMISE. Celle qui a appris parallèlement les techniques de peinture de bâtiment dans le cadre du projet «Yes she paints», est aussi consciente des enjeux que représente pour elle comme artiste-femme, son investissement-passion.
La question du sexisme qui est susceptible d’entraîner la mise à l’écart et la dévalorisation imminente des productions feminines, en particulier, en matière de l’art a été évoquée dans la rencontre avec l’artiste. Si elle reconnaît l’emprise du sexisme sur les femmes elles-memes, Anne Sophie ne s’est cependant pas apitoyée sur son sort. Elle croit que les femmes ont besoin de faire ce qu’elles savent faire, leurs réalisations ne s’en trouveront que mieux connues.
« Le travail et la créativité des femmes sont bien visibles », estime t-elle. À nous de continuer à prouver ce que nous valons, sans penser aux questions de genre pour avoir ce qui nous revient de droit » a-t-elle dit, évoquant une citation de Simone De Beauvoir comme pour renforcer ses propos.
Adlyne Bonhomme