Nègès Mawon multiplie les cordes à son arc. Après le lancement de son festival festival depuis 2015, la mise en place de plusieurs programmes de support de menthorat des femmes et des filles, c’est un carnet féministe que l’organisation militante propose et qui est déjà à son troisième numéro. Dans le cadre de la sortie du troisième numéro du Alaso, le 18 novembre, Mus’Elles tient le micro à Andris Naïma , membre de Nègès Mawon et cheville ouvrière de cette production féministe.
Mus’Elles: Pourquoi avoir choisi le nom Alaso pour votre carnet?
Andris Naïma : Alaso veut rappeler notre entêtement à être libre, à briser le cycle de la violence et à renverser le système patriarcal économique et néo-colonialiste qui nous enchaîne. C’est pour atteindre cet objectif que nous créons cet espace d’expression féministe, dans un contexte économique et politique qui rétrécit chaque jour les espaces tant physiques que virtuels des paroles féministes. Ces paroles font constamment l’objet de menaces à la fois explicites et tacites en plus d’être censurées et marginalisées
Nous voulons qu’Alaso permette aux voix féministes de s’exprimer et encourage l’émergence de nouvelles voix et créant ainsi de nouveaux engagements.
Mus’Elles : Pourquoi avoir choisi le thème de la famille pour cette nouvelle édition de notre revue ?
Andris Naïma : Il y a un stéréotype sexiste qui fait croire que les féministes détestent la famille. À travers ce carnet, nous voulons dénoncer ce stéréotype qui est un prétexte d’un sexisme enfoui. Un carnet féministe sur la famille visant à dénoncer l’exploitation (financière, sociale, émotionnelle, physique, spirituelle et psychologique) des femmes, des jeunes filles et des enfants. Partout dans le monde, et surtout en Haïti, qui dit famille idéale dit famille qui se repose entièrement sur la capacité des femmes à utiliser leur force de travail (physique et émotionnelle) sans rémunération quand le père est à peine, ou pas du tout, présent. C’est cette réalité autour de ce concept que nous avons voulu peindre à travers ce numéro par différentes histoires.
Mus’Elles : Comment les deux premiers numéros ont-ils été reçus par le public ?
Andris Naïma: Tres bien. On a participé à différentes activités faisant la promotion des écrits littéraires et scientifiques, notamment « Livres en Folie », le Salon du Livre Haitien de Paris. Ainsi, la pensée féministe investit différents espaces intellectuels et littéraires, artistiques. Les gens apprécient le côté nouveau, innovateur et positif pour notre lutte.
Mus’Elles : Pourquoi avoir choisi une deuxième fois le 18 novembre pour le lancement d’un numéro d’Alaso ?
Andris Naïma: Normalement, le carnet est publié en deux dates. Le 18 Novembre et le 03 Avril qui sont deux périodes qui marquent un tournant historique. Ces deux périodes marquent aussi la participation des femmes dans les grandes luttes. Le 18 Novembre, c’est la Bataille de Vertières, pour rappeler que bon nombre de femmes ont participé à la lutte pour l’indépendance. Bien que l’histoire a tendance à oublier leur nom et leur rôle. Le 03 Avril, c’est la commémoration de la journée nationale du mouvement des femmes haïtiennes. Le 03 Avril 1986, les femmes avaient foulé le macadam pour protester le régime en place et dans le processus de construction d’une nouvelle démocratie, « Fòk fanm yo ladan ».
Mus’Elles: Où est-ce que l’on pourrait se procurer le livre?
Andris Naïma : En Haïti, l’édition en créole haïtien /français est disponible à la librairie La Pléiade (Port-au-Prince et Petion-Ville) , Cap-Haïtien: Hôtel Satama, Jérémie: Librairie L.C. Charles ,Cayes: Prestige Multi-Services , Jacmel: Librairie du Succès
Pour les pays Francophones:
Dans les librairies et sur le site de Syllepse : https://www.syllepse.net/alaso-3-_r_21_i_946.htm
Pour le Reste du monde (version haitien/francais):
sur le site de Syllepse : https://www.syllepse.net/alaso-3-_r_21_i_946.html
Sur Amazon
Mus’Elles: Voulez-vous ajouter quelque chose ?
Andris Naïma: Kenbe feminis ou djanm.
Alaso!
Propos recueillis par Thara Layna Marucheka Saint Hilaire