5 podcasts francophones à écouter si vous souhaitez mieux comprendre le féminisme

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Vous ne vous définissez pas forcément comme feministe, soit parce que vous n’êtes pas certaine de savoir ce que ça veut dire, ou que jusque-là, vous pensez qu’il faut un investissement physique ou politique poussé, comme une inscription à une organisation pour se réclamer de ce mouvement? Que nenni. Le féminisme est avant tout une vision critique du monde actuel et la croyance dans le pouvoir de l’égalité et de l’équité entre hommes et femmes. Il existe plusieurs courants de pensée feministe, mais pratiquement tous sont d’accord sur le fait que le patriarcat est plus une nuisance qu’autre chose dans la dynamique des sociétés contemporaines. 

Il y a plusieurs façons de vous initier à la pensée feministe. Soit en allant écouter des conférences, en lisant des livres, ou en écoutant des podcasts. 

Les podcasts entrent dans la catégorie des nouvelles formes d’expression médiatique. S’il y a encore quelques années les émissions de radios étaient les strates de l’information à l’écoute, aujourd’hui le podcast comme forme d’expression est en train de le rattraper, et dans certains cas, même de le dépasser. Voici donc une petite sélection de podcasts qui m’ont personnellement aidée dans mes propres réflexions féministes et qui je l’espère vous aideront non seulement à comprendre ce mot feministe, ce mouvement, et les différentes écoles de pensée qu’elle rassemble afin que vous n’ayez plus peur de vous en réclamer.

Les couilles sur la table

L’expression les couilles sur la table est équivalente à l’expression créole “grenn ou plen men w”. Elle se réfère directement à un attribut masculin, mais dans le cadre de ce podcast, l’expression est utilisée pour faire référence au choix parfois très osée des sujets discutés dans le podcast. Les épisodes vont de l’influence du patriarcat sur l’amour et les relations amoureuses jusqu’à traiter de l’inceste et des violences conjugales en passant par le concept de masculinité et l’education des petits garcons. Le podcast se présente sous forme d’interviews avec des intervenant.e.s ayant travaillé leur sujet de recherche soit dans le cadre de leurs études, ou qui en ont fait un livre. Cependant, certains épisodes comme celui sur l’insecte et les violences conjugales sont plus intimes et donnent la parole directement aux pédocriminels et conjoints violents. Pour écouter cela, il vous faudra du courage si vous avez l’âme sensible. Rassurez-vous si ce sont des épisodes sur lesquels vous voulez passez, le podcast regorge d’autres épisodes sur des sujets tout aussi intéressants et instructifs. 

Un podcast à soi

Un podcast à soi est une production de arte radio. Comme les couilles sur la table les épisodes traitent de sujets dont on entend rarement parler de manière générale ou sinon qui sont traités en surface. Un épisode qui m’a particulièrement émue c’est celui sur les femmes violentes qui commence en donnant la parole à une femme qui dit: je refuse d’etre une statistique, une femme de plus qui meurt tuée par son conjoint, donc j’ai pris les devants. Sans faire l’apologie de la violence, l’épisode donne la parole à une catégorie invisibilisée et tabou pour rappeler que le problème de la violence est avant tout un problème de société et non quelque chose d’intrinsèquement lié aux hommes quoique, dans la socialisation de ces derniers, on légitime qu’ils y aient recours. Dans un podcast à soi vous trouverez des épisodes sur l’allaitement, sur le sein ou encore sur l’éco éminisme (à l’heure ou les questions climatiques sont on ne peut plus à jour). Les témoignages sont poignants et dans l’épisode “Que faire des hommes violents ?”, le podcast assoit bien les difficultés du recours légale et de la prison à atténuer le traumatisme des victimes qui, pour certaines, les accompagnent longtemps après les faits.

Le coeur sur la table

Présenté par la même équipe que les couilles sur la table, le cœur sur la table parle beaucoup du rapport amoureux. Dans une société où l’amour et le désir n’échappent pas aux réalités du patriarcat et du capitalisme, ce podcast à travers ces épisodes posent  des questions capitales par rapport au systeme de domination que pose l’heterosexualité, à la difficulté politique que les relations avec les hommes cis pose dans la vie sexuelle et sentimentale, et du désir des hommes cis. Pour celles qui se posent des questions sur leur façon de relationner avec les hommes et qui ont l’impression qu’il est d’autant plus difficile de relationner sainement avec ces derniers en tant que féministe, ce podcast est fait pour vous. D’ailleurs, allez écouter l’épisode “Romance et soumission”. 

Kiffe ta race

Comme l’indique le nom, ce podcast parle de la race et la façon dont celle- ci influe sur divers aspects de nos vies. Si certains épisodes auront plus de sens dans le cas où vous vivez dans une société majoritairement blanche, d’autres épisodes feront parfaitement écho à des réalités qu’on peut rencontrer en Haïti. Je vous conseille d’écouter l’épisode sur la littérature et le colonialisme car aujourd’hui encore, malgré un cours de littérature haïtienne dans toutes les écoles de la république, nous en apprenons plus sur la littérature occidentale, notamment française, que chez nous, ou même de nos voisins de la caraïbes. Un autre épisode que j’avais pris beaucoup de plaisir à écouter était celui qui s’appelle nos parents et qui aborde certains comportements de nos parents, surtout ceux installés à l’etranger, qui répondaient aussi à notre histoire coloniale et nos assignations de races (classes).

Venus s’épilait-elle la chatte? 

De loin l’un de mes préférés, si vous aimez l’art, l’histoire de l’art et que vous cherchez un discours feministe sur la production artistique, ce podcast est fait pour vous. Il ne parle pas uniquement des artistes et créatrices/ créateurs des pays dits du nord, mais aussi de celles, ceux des pays dits du sud, l’exemple le plus flagrant est celui sur frida kahlo. Je vous conseille l’épisode sur picasso qui déconstruit le discours sur l’incontestable talent de ce dernier qui s’est énormément inspiré de l’art et de l’artisanat africain de l’époque sans lui rendre hommage, et qui prend position sur l’impossibilité de faire la part entre l’homme et de l’artiste. L’épisode redonne de la subjectivité et de la visibilité aux femmes qui ont fait partie de la vie du créateur en leur rendant leur profondeur et leur humanité. 

Melissa Béralus


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